aRCHITECTURE

« L'espoir ne connaît pas le futur et heureusement...»
Pour Architecture, l'Europe du XXe siècle, traumatisée par les guerres et le nationalisme, sert de toile de fond à cette fresque écrite à même le corps et la voix d'acteurs exceptionnels. Réunis pour la première fois sur un même plateau, ils incarnent les membres d'une famille d'artistes, de philosophes, de compositeurs qui ne vont pas réussir à éviter le naufrage de leur monde. Leur pensée semble pétrifiée par ce qu'ils pressentent de l'avenir. Même face à l'imminence de l'horreur, ils ne parviendront pas à s'unir pour changer le cours du temps. L'auteur et metteur en scène Pascal Rambert s'interroge : « S'ils n'ont pu empêcher le sang, comment ferons-nous dans un temps comme le nôtre, si peu armés collectivement ? » Ses héros, eux, se déchirent – comme souvent dans les pièces du dramaturge, sculptées à la force d'une langue très physique – et ne savent ni fuir ni combattre, « serrés par la peur ».


Distribution

Avec Emmanuelle Béart, Audrey Bonnet, Anne Brochet, Marie-Sophie Ferdane,  Arthur Nauzyciel, Stanislas Nordey, Denis Podalydès sociétaire de la Comédie-Française et Pascal Rénéric (en alternance), Laurent Poitrenaux, Jacques Weber et Bérénice Vanvincq
Texte, mise en scène et installation Pascal Rambert


Ecoutez la critique

pELLEAS ET MELISANDE

Pelleas et Mélisande
Mélisande est une jeune femme en fuite. Au prince Golaud qui la découvre en pleurs dans la forêt et lui déclare son statut et sa généalogie, elle répond venir d'ailleurs. Et c'est de cet être – et non d'une histoire – que Golaud tombe amoureux, s'occupant d'elle, l'épousant et l'emmenant dans le château de son grand-père. Là, Mélisande y rencontre Pelléas, le demi-frère du Prince. Tout est dit. Ou plutôt tout est non-dit, suggestion et projection... Un terrain fertile pour que s'y déploient l'amour interdit et sa chute violente. Une structure entre terre et ciel que Julie Duclos a souhaité habiter. Car à l'instar de l'écriture de Maurice Maeterlinck, les personnages sont « concrets et poétiques », et souvent silencieux. Pour les deviner, la metteuse en scène a imaginé une scénographie où le théâtre et le cinéma s'entremêlent,  multiplient les plans, les axes et les angles. Un procédé dramaturgique qui donne  lieu à de multiples révélations et élévations et qui rappelle que le symboliste belge a toujours cherché à voir le monde par-delà les apparences. 

Distribution
Avec Vincent Dissez, Philippe Duclos, Stéphanie Marc, Alix Riemer, Matthieu Sampeur, Émilien Tessier
Et en alternance Clément Baudouin, Sacha Huyghe, Eliott Le Mouël
Texte Maurice Maeterlinck
Mise en scène Julie Duclos

Ecoutez la critique

nOUS L'EUROPE BANQUET DES PEUPLES

Nous l'Europe, Banquet des peuples
Quelle Europe désirons-nous ? Et que désirons-nous être au sein de l'Europe ? Une Europe qui puisse donner une place à tous ? Une Europe qui n'impose plus le poids de décisions qui nous échappent ? En réponse à ce questionnement, Laurent Gaudé offre un poème puissant. Un regard d'ailleurs plutôt qu'une réponse. À travers une orchestration au plateau, le compositeur et metteur en scène Roland Auzet propose de faire se rencontrer des acteurs de nationalités différentes aux côtés d'un choeur de personnes de tous les âges : un Nous. Un Nous, l'Europe. Le poème s'incarne, devient visages et paroles. Il se fait entendre et nous emporte dans son flux. Le drame y côtoie l'espoir ; le chant se mêle à une scansion de désirs et d'images, l'ensemble redessine la possibilité d'une histoire collective. Nous, l'Europe, Banquet des peuples, spectacle polyphonique, fait du public une assemblée de poètes-citoyens, acteurs d'un changement. Une mosaïque de langues pour une Europe plurielle, où l'art fortifie le politique, avec le voeu que celui-ci considère l'existence de chacun.

Distribution
Avec Robert Bouvier, Rodrigo Ferreira, Olwen Fouéré, Vincent Kreyder, Mounir Margoum, Rose Martine, Dagmara Mrowiec-Matuszak, Karoline Rose, Emmanuel Schwartz, Artemis Stavridi, Thibault Vinçon Et le Choeur de l'Opéra Grand Avignon et quarante chanteurs amateurs

Texte Laurent Gaudé
Conception, musique, mise en scène Roland Auzet
Scénographie Roland Auzet, Bernard Revel, Juliette Seigneur, Jean-Marc Beau


Ecoutez la critique

SOUS D'AUTRES CIEUX

Énée doit s'enfuir, quitter Troie en flammes avec une partie des siens. Guidé par les Dieux, traqué par la colère de Junon, il se met en quête d'une terre hospitalière où fonder une nouvelle cité. De l'Énéide, ce voyage initiatique chanté par Virgile, Maëlle Poésy et son complice le dramaturge et auteur Kevin Keiss n'ont retenu que quelques fragments choisis au fil des six premiers chants du poème épique. Ensemble, ls ont imaginé une narration du souvenir, rythmée par les départs, les arrivées, et les naufrages. Un espace-temps où le passé et l'avenir s'imbriquent en permanence dans le présent. Une recherche sensible et physique, portée à la fois par des comédiens et des danseurs, qui interroge le rapport des exilés au voyage et à la mémoire. Une pièce en constante métamorphose, où les morts parlent aux  vivants, les divinités aux hommes, où les décors se troublent, où le passé ressurgit  dans le présent, faisant de l'exil un entre-deux-mondes, une attente apatride.

Distribution
Avec Harrison Arevalo, Genséric Coléno-Demeulenaere, Rosabel Huguet, Marc Lamigeon, Roshanak Morrowatian, Philippe Noël, Roxane Palazzotto, Véronique Sacri
Et la voix de Hatice Ozer

Adaptation Maëlle Poésy, Kevin Keiss
Texte, traduction, dramaturgie Kevin Keiss
Mise en scène, chorégraphie Maëlle Poésy


Ecoutez la critique

LA MAISON DE THE

2« Gardez-vous de parler des affaires d'État ! »
Sur scène, une immense structure ronde et métallique symbolisant une maison de thé pékinoise, dévoile un microcosme où divers milieux sociaux s'agitent et se mêlent. Trois époques et trois générations dialoguent et s'évertuent à résister aux assauts du temps, révélant les bouleversements de la société chinoise et l'immuabilité de la condition humaine. La roue tourne au gré des revers et des fortunes et nous sommes face au sillage de destinées humaines. Le temps passe, le pouvoir change de mains, seule la maison de thé perdure. Entre humour et tragédie, le patron et ses clients partagent leurs luttes et leurs espoirs pour contrer la corruption et l'oppression dans un élan d'humanité. Sur fond de musique électro-rock jouée en direct, Meng Jinghui adapte à la démesure et aux rythmes d'aujourd'hui ce grand classique du théâtre chinois dans un contexte culturel plus large et le fait résonner avec d'autres textes aux portées humanistes et sociales. Une traversée poétique, exaltée et libérée où le geste artistique n'est jamais éloigné du politique.

Distribution
Avec Chen Lin, Chen Minghao, Ding Yiteng, Han Jing, Han Shuo, Li Jianpeng, Li Jingwen, Liu Chang, Liu Hongfei, Qi Xi, Sun Yucheng, Sun Zhaokun, Tian Yu, Wang Xinyu, Wei Xi, Zhao Hongwei, Zhang Hongyu, Zhang Juncheng, Zhang Zhiming
Et Li Xiaojun (chant), Li Yibo (batterie), Wang Chuang (guitare et basse)

Texte Lao She
Mise en scène, adaptation Meng Jinghui
Dramaturgie Sebastian Kaiser



LEWIS VERSUS ALICE

Qui du public est au clair sur Lewis ? Et qui des spectateurs croit comprendre Alice ? Avec Lewis versus Alice, Macha Makeïeff entre dans l'univers fantastique de l'immense écrivain britannique et approche le psychisme de ce poète énigmatique, indocile avec les conventions victoriennes, collectionneur bizarre, excentrique clergyman d'Oxford, photographe, logicien, spirite, célébré par les Surréalistes...Sa rêverie nous plonge dans les contradictions d'un monde trouble, où tout fluctue, se traverse et s'inverseavec humour et fragilité. Parce que « chez Lewis Carroll tout est mot, et n'est que ça, ce n'est pas dramatique, cela reste de l'ordre de la conversation dans un rêve. Cela “ se dit ” puis disparaît... » Avec la musique pop gothique, les sons et les voix d'ailleurs, le spectateur est mis à l'épreuve du surnaturel : un décor  et son envers, des personnages qui apparaissent, la pénombre et les éclats du rêve,  des jeux de langues française et anglaise... Des mondes superposés et en  miroir à l'image de Lewis-Alice qui aimait tant contredire la cruauté du réel.

Distribution
Avec Geoffrey Carey, Caroline Espargilière, Vanessa Fonte, Clément Griffault, Jan Peters, Geoffroy Rondeau, Rosemary Standley
Et à l'image Michka Wallon

Adaptation Macha Makeïeff, Gaëlle Hermant d'après Lewis Carroll
Mise en scène, costumes et décor Macha Makeïeff
Lumière Jean Bellorini
Musique Clément Griffault

Ecoutez la critique

AUTOBIOGRAPHY

« Le corps est une archive vivante. »
Des rais de lumière strient ou balayent l'espace du plateau envahi par la brume. Une structure métallique, mécanique se soulève, s'abaisse. Elle décompose la danse en segments. Les sections s'enchaînent au rythme des pulsations électroniques, nerveuses, fragiles, tranchantes, délicates. 23 fragments, choisis aléatoirement chaque soir par un algorithme, reproduisent les 23 paires de chromosomes du génome humain. Dix danseurs écrivent une vie en mouvement, dans son infinie variété de sensations et de réflexions, à travers des souvenirs piochés dans le parcours du chorégraphe. Quelle empreinte laisse le mouvement dans notre ADN ?
C'est à cette question que Wayne McGregor tente de répondre, prenant son propre corps comme objet d'étude et de perspective. Il explore les secrets de la génétique,
à la recherche de la mémoire du corps inscrite dans le séquençage de son génome. Le geste, imprimé dans ses cellules, devient souvenir, empreinte chorégraphique de
sa propre essence. S'en délivre une méditation abstraite d'une rare intensité, une expérience singulière et régénérée à chaque représentation, un reflet de la vie elle-même.

Distribution
Avec Joshua Barwick, Rebecca Bassett-Graham, Camille Bracher, Jordan James Bridge, Izzac Carroll, Maria Daniela, Chien-Shun Liao, Jacob O'Connell, Daniela Neugebauer, Po-Lin Tung

Conception Wayne McGregor
Chorégraphie Wayne McGregor en collaboration avec les danseurs de la compagnie
Musique Jlin

Ecoutez la critique

LE RESTE VOUS LE CONNAISSEZ PAR LE CINEMA

Si Eschyle a écrit Les Sept contre Thèbes, si Euripide en a produit une lecture originale avec Les Phéniciennes, et si dans Le reste vous le connaissez par le cinéma l'auteur anglais Martin Crimp convoque le mythe d'un OEdipe toujours en vie, c'est que sa succession incestueuse convoque un monde si déraisonnable que toutes les époques ont cherché à le décrypter... Daniel Jeanneteau, fasciné par ces glissements littéraires répétés, à l'image des croûtes terrestres qui procèdent par déformations continues sans jamais se séparer, a souhaité mettre en regard de cette lutte fratricide un Choeur de jeunes femmes de Gennevilliers. Dans le monde d'aujourd'hui, il est nécessaire au metteur en scène que le héros soit désormais foule et se confronte à Jocaste, Antigone, Étéocle et Polynice, ces figures incarnées par des acteurs de premier plan, pour les inviter à considérer leur destin avec une empathie à la fois drôle et incongrue. Une adresse également tournée vers les spectateurs, sommés de penser leur demain aux pieds de Thèbes, cette ville-personnage.

Distribution

Avec Solène Arbel, Stéphanie Béghain, Axel Bogousslavsky, Yann Boudaud, Quentin Bouissou, Clément Decout et Victor Katzarov en alternance, Jonathan Genet, Elsa Guedj, Dominique Reymond, Philippe Smith
Le Choeur Delphine Antenor, Marie-Fleur Behlow, Diane Boucaï, Juliette Carnat,  Imane El Herdmi, Chaïma El Mounadi, Clothilde Laporte, Zohra Omri

Texte Martin Crimp d'après Euripide
Traduction Philippe Djian
Mise en scène, scénographie Daniel Jeanneteau

Ecoutez la critique

GRANMA, LES TROMBONES DE LA HAVANE

Daniel, Milagro, Christian et Diana ont entre 25 et 35 ans. Ils vivent à Cuba avec leurs parents et quelquefois leurs grands-parents. Comme l'immense majorité de la jeunesse issue de la Révolution, ils subissent la pénurie de logement. Ces familias compuestas créent, à leur corps défendant, des situations inédites : la génération qui aujourd'hui prend en main le destin collectif de l'île cohabite avec celle ayant déterminé son avenir, il y a 60 ans. Daniel, Milagro, Christian et Diana ne sont pas comédiens mais traducteur, professeure d'histoire, informaticien ou musicienne. Ensemble, ils racontent une histoire politique et sociale de leur pays et du monde. Craintes, joies, doutes, désirs... Granma. Les Trombones de La Havane sont ces récits intimes, ponctués d'airs patriotiques revisités, entrecoupés d'archives filmées de la Révolution, qui bousculent notre image fantasmée du mythe révolutionnaire cubain. Fidèle à l'identité du collectif Rimini Protokoll, Stefan Kaegi, à
travers ce réel, prend soin d'interroger la capacité du monde occidental à se forger de nouveaux horizons collectifs.

Distribution
Avec Milagro Álvarez Leliebre, Daniel Cruces-Pérez, Christian Paneque Moreda, Diana Sainz Mena
Conception et mise en scène Stefan Kaegi

Ecoutez la critique

L'ORESTIE

Un texte-monde. Notre source, notre origine, théâtrale et politique, notre repère « au moment du danger » comme aime à la définir Jean-Pierre Vincent : l'Orestie. Avec cette immense trilogie tragique athénienne entièrement conservée, le metteur en scène bien connu du public avignonnais a souhaité vivre avec le Groupe 44 de l'École supérieure d'art dramatique du Théâtre national de Strasbourg une entreprise théâtrale de trois années. Un chantier au long cours pour comprendre et sentir une fresque qui n'a jamais autant d'écho que quand le vent de l'histoire y souffle, une aventure de vie pour ces douze élèves comédiens et douze élèves en régie, scénographie, costumes, dramaturgie... qui s'approprient les mots de Eschyle et modèlent Agamemnon, Les Choéphores et Les Euménides. Pas de  pensée de l'avenir pour les humains sans cette mémoire. Écoutons donc la jeune génération nous dire ce libre et moderne poème.

Distribution

Avec le Groupe 44 de l'École supérieure d'art dramatique du Théâtre national de Strasbourg : Daphné Biiga Nwanak, Océane Cairaty, Houédo Dieu-Donné Parfait Dossa, Paul Fougère, Romain Gillot, Romain Gneouchev, Elphège Kongombé Yamalé, Ysanis Padonou, Mélody Pini, Ferdinand Régent-Chappey  Yanis Skouta, Claire Toubin

Texte Eschyle dans la version élaborée par Peter Stein
Traduction de l'allemand Bernard Chartreux
Mise en scène Jean-Pierre Vincent
Dramaturgie Bernard Chartreux, Hugo Soubise-Tabakov


Ecoutez la critique